Renaud de Looze : L’urine au jardin

Publié le 24 août 2017

En permaculture la fonction fertilisation doit être assurée par de multiples éléments. Parmi ceux ci, l’urine, produit riche et intéressante car constamment disponible, trop souvent dédaignée par les jardiniers.

Voici un ouvrage et une publication qui font le point sur la question.

L’urine au jardin par Renaud de Looze, L’urine de l’or liquide au jardin; Guide pratique pour produire ses fruits et légumes en utilisant les urines et composts locaux. Edition Terran ; Octobre 2016; 95 p.;12€.

Contrairement à certains ouvrages de vulgarisation qui ne sont que des compilations et des reprises de divers textes publiés ici ou là par des auteurs qui n’ont pas toujours expérimenté ce qu’ils préconisent, voici un ouvrage qui présente le résultats d’essais et d’observations de terrain sur l’utilisation de l’urine en agriculture potagère.

C’est un livre très didactique et qui vous permettra d’expérimenter rapidement et simplement l’utilisation de cet engrais naturel, abondant et gratuit.

Pour vous en faire une idée, voici retranscrites la préface de l’ouvrage :

C’est en étudiant la valorisation des effluents organiques liquides que j’ai constaté qu’il y avait peu d’information « grand public » en français sur l’utilisation de l’urine au jardin et en espaces verts. Ce document s’adresse aux jardiniers amateurs qui veulent faire pousser efficacement des plantes en recyclant. Il est en effet de bonne pratique de valoriser ses déchets domestiques sous forme de compost ou de lombricompost. Apportés au jardin, ce sont des amendements organiques qui améliorent les qualités du sol, mais cela n’est pas suffisant. En les complétant par l’ajout d’urine en quantité précise, on fertilise. Et de cette façon, il est possible de faire pousser des légumes de qualité en abondance. Amendements organiques et urine permettent à une famille ayant une petite surface de potager de produire une alimentation fraîche, saine et savoureuse composée de fruits et légumes, de féculents et d’oléagineux. Ce qui est vrai pour une famille l’est aussi pour des jardins communautaires, des restaurants, des maraîchers locaux, des espaces verts, des arboriculteurs, des producteurs de bois d’œuvre ou de chauffage… Au premier chapitre, j’ai repris le cheminement technique qui a abouti à la conclusion : l’urine est de l’or liquide pour les végétaux, c’est le n°1 des engrais naturels. Les partenaires avec qui j’ai travaillé sur le sujet sont indiqués en annexe 1.

 Le deuxième chapitre recense le gisement des matériaux recyclables au jardin. Quantité d’ouvrages existent sur le sujet. Ma contribution porte sur la différence entre l’utilisation des déchets carbonés qui « nourrissent le sol » et ceux, pauvres en carbone, qui « nourrissent les plantes ». Le tableau 1 donne des informations sur la composition de quelques déchets typiques recyclables : riches en protéines qui fournissent de l’azote assimilable, ceux qui apportent du calcium, ceux qui apportent des matériaux carbonés au sol (or noir). L’or noir est le complément indispensable à l’or liquide, il améliore les qualités du sol et permet à l’or liquide de se transformer en engrais assimilable par les végétaux.

 Au troisième chapitre, je propose deux méthodes pour mettre en œuvre au jardin l’or liquide associé à l’or noir. Les rendements prévisibles peuvent être estimés : 1 kg de récolte nette = 1 l d’or liquide +11 d’or noir. Mais attention, le zéro déchet n’existe pas : 1 kg de récolte génère inévitablement des résidus végétaux, non consommables pour nous, mais restituables au sol. La formule « empirique » à retenir est donc la suivante : 1 kg de récolte consommable + 1 kg de résidus végétaux recyclables nécessitent 1l d’or liquide + 1l d’or noir.

 L’objet du chapitre 4 est d’évaluer quelle est la surface minimale annuelle nécessaire par personne pour « boucler la boucle ». La question est simple : quelle surface faut-il pour épandre les déchets fermentescibles et recyclables de chacun, tout en produisant suffisamment d’aliments sans apports externes ? La réponse est complexe : les régimes alimentaires sont variés, les climats et les sols sont différents, les obstacles culturels et réglementaires sont nombreux… Nous avons pris le parti d’étudier le cas particulier du régime végétarien avec œufs. En effet, c’est celui qui offre l’emprise minimale au sol, il est équilibré, productif sous climat tempéré, adapté à l’utilisation de l’or liquide et de l’or noir. Nous verrons que 1 m2 de sol cultivé, de manière non intensive, peut accepter nos déchets fermentescibles quotidiens sans pollution et fournir ensuite une quantité suffisante d’aliments pour la consommation journalière d’une personne. Par an, 1 km2 sous ce régime végétarien, non intensif, en boucle, peut nourrir 2 000 personnes.

 La conclusion : produire, consommer et recycler sont trop souvent « déconnectés ». Boucler la boucle permet de faire des économies d’espace, de matières fertilisantes, de traitement antipollution, tout en produisant des végétaux. C’est aussi une pratique à la portée de tous pour rentrer dans le « cercle » complexe de l’écologie : les plantes nourrissent les animaux et les hommes ; en retour, leurs excrétions, gazeuses1, liquides, solides nourrissent les plantes.

 

Conseils Pratiques pour une Utilisation de l’Urine en Production Agricole, par le Stockholm environment institute :

SEI-Book-Stenstrom-ConseilsPratiquesPourUneUtilisationDeLUrineEnProductionAgricole-2011

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